Les étudiants-es qui sont des parents ou des tuteurs-trices d’enfants sont souvent « invisibles » sur les campus postsecondaires. Le manque de reconnaissance explicite et de considération pour leur situation unique les conduit souvent à être négligés dans les espaces de bien-être et d’enseignement.1,2 Les données de la National Post-Secondary Student Aid Study de 2020 indiquent qu’aux États-Unis, près d’un-e étudiant-e de premier cycle sur 5 et près d’un-e étudiant-e de deuxième cycle sur 3 sont des étudiants-es parents.3,4 Parmi ces étudiants-es parents, 74 % sont des mères et 55 % sont des étudiants-es de couleur.3,4 Au Canada, les données les plus récentes proviennent d’une étude de 2011 analysant les résultats d’enquêtes menées entre 1976 et 2005, qui a montré que 11 à 16 % des étudiants-es de l’enseignement postsecondaire avaient au moins un enfant à charge.5 Ce pourcentage a probablement augmenté depuis lors.

En plus de leurs devoirs familiaux et parentaux, les étudiants-es parents doivent également jongler avec leurs études, leur travail et leurs obligations financières.6 Depuis la pandémie de COVID-19, le paysage a changé, les parents s’adaptant au défi d’avoir leurs enfants à la maison à plein temps tout en s’adaptant progressivement à un retour à l’apprentissage en personne. Pour ces étudiants-es, il peut être particulièrement difficile de concilier les responsabilités familiales et le travail academique.7

Les étudiants-es qui sont des parents ou des tuteurs-trices sont confrontés-es à des difficultés uniques. Voici quelques-unes de ces difficultés. 8,9,10,11,12,13

  • Gestion du temps
    • Par exemple, le manque de temps ou le sentiment d’être pressé par le temps peut créer des exigences contradictoires, ce qui rend difficile l’équilibre entre les études et les responsabilités familiales telles que prendre soin des enfants.
  • Stress financier
    • Par exemple, l’absence de services de garde d’enfants abordables et accessibles peut empêcher les étudiants-es d’assister aux cours à des heures précises et rendre plus difficile la réalisation des travaux scolaires.
  • Trajets depuis le domicile
    • Par exemple, certains étudiants-es parents peuvent faire la navette seuls-es et, s’ils et elles habitent loin du campus, ils et elles peuvent rentrer tard, ce qui limite leur capacité à assister à des événements sur le campus ou à participer à des activités extrascolaires.
  • Difficulté à ressentir un sentiment d’appartenance sur le campus et à établir des relations interpersonnelles significatives avec les autres étudiants-es
    • Par exemple, les étudiants-es parents peuvent se sentir isolés-es et socialement exclus des événements organisés sur le campus en raison de conflits d’horaires et de l’absence de programmes spécifiquement conçus pour les accueillir, avec leurs enfants. Ils et elles peuvent également avoir du mal à trouver des pairs-es qui comprennent leur situation unique ou qui peuvent se sentir concernés-es.
  • Manque de ressources adaptées aux étudiants-es parents
    • Par exemple, certains étudiants-es parents plus âgés-es peuvent penser qu’ils et elles manquent de compétences académiques en raison du temps écoulé depuis leur dernière scolarisation, croyant que leur âge rend le processus d’apprentissage plus lent.
    • Par exemple, le manque de services de garde d’enfants abordables et accessibles peut constituer un obstacle pour suivre des cours à certaines heures. Cette situation peut être particulièrement difficile à gérer pour les étudiants-es internationaux-ales en raison de leurs réseaux de soutien limités et de leur méconnaissance des ressources locales.
  • Obstacles structurels
    • Par exemple, les établissements d’enseignement supérieur manquent souvent de soutien et de flexibilité dans les horaires de cours et les options d’apprentissage alternatives, telles que les cours en ligne, et n’offrent pas suffisamment de programmes sur le campus conçus pour répondre aux besoins des étudiants-es parents.
    • Par exemple, les services de garde d’enfants sur le campus peuvent être trop coûteux, manquer de flexibilité (par exemple en ne proposant qu’une halte-garderie pour un seul cours) et avoir de longues listes d’attente.
  • Stigmatisation
    • Par exemple, les étudiants-es parents, en particulier les pères, peuvent être l’objet de stigmatisation parce que les jeunes parents sont souvent perçus comme irresponsables ou non engagés dans leurs études ou leur carrière.
    • Par exemple, les étudiants-es parents peuvent avoir l’impression que leur statut de parents affecte les opportunités professionnelles qui s’offrent à eux et elles, car les enseignants-es peuvent supposer qu’ils et elles ne peuvent pas jongler entre leurs responsabilités académiques et leur rôle de parents.
  • État de santé

Ces défis peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale des étudiants-es parents, affectant potentiellement leurs résultats scolaires, leur bien-être général et leur vie de famille.8

Les problèmes de santé mentale les plus courants auxquels sont confrontés-es les étudiants-es parents sont l’anxiété, la dépression, l’isolement et la tension de rôle.14.15

Qu’est-ce que la tension de rôle ?

Développée par le sociologue William J. Goode en 1960, la théorie la tension de rôle explique comment les individus ressentent du stress lorsqu’ils doivent remplir plusieurs rôles simultanément, ce qui entraîne une tension.16 Par exemple, un-e étudiant-e parent peut avoir du mal à concilier les exigences de son statut d’étudiant et de son travail universitaire avec ses responsabilités de parent et les soins qu’il-elle apporte à ses enfants.

Le fait d’être parent et d’étudier est souvent en contradiction avec les normes sociétales. Les parents sont censés être matures et stables, tandis que les étudiants-es sont considérés-es comme jeunes et libres de toute responsabilité extérieure. Les étudiants-es parents doivent concilier les 2 rôles et cela peut être considéré comme irresponsable, malgré le temps et les efforts émotionnels considérables que cela demande.17

Les étudiants-es parents s’inquiètent aussi souvent de la santé de leurs enfants, ce qui n’est pas le cas des étudiants-es sans enfant.7 D’autres défis ont été identifiés pour les étudiants-es parents immigrés-es et issus-es de groupe méritants l’équité, qui peuvent être confrontés-es à un manque d’emploi stable, à des difficultés d’apprentissage de la langue, à de l’insécurité financière et à des réseaux de soutien familial peu nombreux ou inexistants.18 Cependant, des études ont montré que certains facteurs de protection, tels que de bonnes relations conjugales, des systèmes de soutien social solides, l’harmonie familiale et le fait que les parents de l’étudiant-e parent n’aient pas d’antécédents de maladie mentale, peuvent contribuer à atténuer les problèmes de santé mentale auxquels sont confrontés-es les étudiants-es parents et peuvent jouer un rôle dans le soutien de leur bien-être mental et de leur capacité globale à faire face à la dépression, à l’anxiété et au stress.19.20


« Il faut investir davantage d’efforts pour aider les étudiants-es parents à se retrouver et à créer une communauté de soutien, et les mesures d’adaptation déjà en place doivent être mieux mises de l’avant. Pour les étudiants-es parents, les enjeux sont très importants et l’échec scolaire n’est pas une option. »21 – Rana Haider, doctorante à l’Université de Toronto

Stratégies de soutien 22,23

  • Horaires flexibles
    • Par exemple : Cours le soir ou en fin de semaine ; permettre aux étudiants-es parents de suivre les cours en ligne ; prévoir des politiques de prolongation et des calendriers flexibles.
  • Créer des espaces pour les familles
    • Par exemple : Aires de jeux ; espaces privés pour l’allaitement et le pompage du lait maternel sur le campus ; salles de classe plus accueillantes pour les familles.
  • Ressources et services de garde d’enfants
  • Groupes de pair-aidance
    • Par exemple : Créer des réseaux et des espaces pour que les étudiants-es parents puissent se connecter et partager leurs expériences.
  • Créer un environnement inclusif où les étudiants-es parents se sentent accueillis-es et encouragés-es à être des membres actifs de la communauté universitaire
    • Par exemple : Organiser des événements multiculturels qui célèbrent la diversité des étudiants-es parents ; inclure des phrases telles que « Les étudiants-es parents sont invités-es à postuler » dans les offres d’emploi sur le campus.
  • Un soutien financier qui prend en compte les besoins spécifiques des étudiants-es parents
  • Informer le corps enseignant et le personnel sur les défis uniques auxquels les étudiants-es parents sont confrontés-es afin de s’assurer qu’ils sont conscients des responsabilités des étudiants-es parents et qu’ils s’adaptent à leurs besoins spécifiques
    • Par exemple : Permettre des mesures d’accommodements ou d’adaptation.
  • Inclure les étudiants-es parents dans l’élaboration des politiques
    • Par exemple : Impliquer les étudiants-es parents dans la création et la mise à jour des politiques ; collecter des données auprès des étudiants-es parents afin de développer des supports de formation complets et d’offrir un soutien accessible par les pairs-es.

Plein feux sur les campus

De nombreux campus de l’Ontario disposent déjà de ressources pour servir les étudiants-es parents et certains établissements ont même des bureaux dédiés à leur soutien. En voici quelques exemples.

  • Les services de santé et de bien-être des étudiants-es de l’université Lakehead proposent une liste de conseils sur la façon de concilier le rôle d’étudiant et de parent. Les conseils comprennent la création d’un espace d’étude désigné où vous pouvez laisser votre matériel scolaire et de travail, l’établissement de limites saines, et le partage des responsabilités si vous êtes parent avec un-e partenaire.
  • Le Collège Seneca a organisé une séance d’information pour les étudiants-es parents internationaux-ales afin de partager les ressources et les services disponibles sur le campus, ainsi que les ressources en matière de garde d’enfants, de logement et de communauté.
  • L’Université de Toronto dispose d’un bureau des soins familiaux qui propose des stratégies pour concilier les études et la prise en charge de la famille, ainsi que des ressources sur l’aide financière, les espaces adaptés aux familles et l’aide à la garde d’enfants. Elle propose également des programmes de mentorat par les pairs-es et des ateliers pour aider les étudiants-es ayant une famille.
  • L’Université métropolitaine de Toronto dispose d’un programme d’apprentissage global qui permet aux étudiants-es d’apprendre ou de travailler à l’étranger. Pour les étudiants-es parents participants-es, l’Université métropolitaine de Toronto propose une foire aux questions qui permet de savoir si ce programme leur conviendrait.
  • Le Collège Fanshawe a publié un article de blogue présentant une liste de ressources en matière de garde d’enfants disponibles dans diverses régions de l’Ontario. Il comprend des liens sur la manière d’approcher un prestataire de services de garde d’enfants et un guide étape par étape pour aider les étudiants-es parents à sélectionner les bonnes options en matière de garde d’enfants.
  • L’Université de Guelph propose des événements dédiés, des espaces adaptés aux familles, des ressources, des ateliers et les coordonnées de divers conseillers-ères sur le campus, notamment en matière de finances, de bien-être, de soutien psychologique, etc.
  • Le Centre de bien-être de l’Université Tyndale propose des séances de psychothérapie familiale aux étudiants-es et aux membres de leur famille.