Changement climatique et santé mentale

Le changement climatique 

L’expression « crises climatiques » désigne l’ensemble des problèmes environnementaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, y compris les menaces émergentes dues au changement climatique, qui nécessitent une action immédiate pour éviter des dommages permanents.1 Le changement climatique a été défini par la National Aeronautics and Space Administration (NASA) comme un « changement à long terme des schémas météorologiques moyens qui en sont venus à définir les climats locaux, régionaux et mondiaux de la Terre ».2 Bien que les changements de température puissent être naturels, les activités humaines, telles que la combustion de combustibles fossiles, ont entraîné une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, qui provoquent une hausse de la température moyenne de la Terre et contribuent largement au réchauffement climatique.3

Les effets du changement climatique sont désormais irréversibles et les scientifiques prévoient des conséquences encore plus graves : sécheresses, inondations, incendies de forêt, pénurie d’eau, élévation du niveau de la mer, fonte des glaciers, tempêtes catastrophiques, perte de biodiversité, etc.3,4 Le gouvernement du Canada qualifie la crise climatique de menace imminente la plus importante pour la santé publique des Canadiens-nes et des habitants du monde entier.5 Les défis observés à l’échelle mondiale sont également liés à d’autres conséquences sociétales sur les plans économique, politique et culturel, notamment la mondialisation, le capitalisme, le consumérisme, le racisme et les inégalités.6,7  

 

Comment le changement climatique affecte-t-il la santé mentale ? 

 Le changement climatique peut avoir un impact direct ou indirect sur le bien-être psychologique, qui est fortement influencé par des facteurs environnementaux, sociaux et de santé publique.8 Au cours de la dernière décennie, des études établissant un lien entre le changement climatique et la santé mentale ont vu le jour, suggérant que les effets du changement climatique peuvent être aigus (événements météorologiques graves qui exposent directement les personnes vulnérables et sans défense à des blessures mentales) ou chroniques (impacts sociaux et communautaires à grande échelle, y compris les flambées de violence, les luttes pour des ressources rares, les déplacements et les migrations forcées, l’adaptation après une catastrophe et le stress environnemental à long terme).9 Les individus s’efforcent de rester optimistes face à un avenir de plus en plus pessimiste et des sentiments de chagrin, d’impuissance et de désespoir ont été signalés.10

En outre, il est important d’examiner les défis posés par le changement climatique à l’aide du cadre des déterminants sociaux de la santé, car les risques exacerbés par le changement climatique affectent de manière disproportionnée les personnes les plus vulnérables et les plus défavorisées.8

  • Impact direct : Les personnes directement exposées aux risques climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les fortes chaleurs, les sécheresses ou les inondations, qui peuvent entraîner des blessures, la perte d’êtres chers et des dommages matériels, peuvent subir un stress traumatique aigu et chronique (par exemple, syndrome de stress post-traumatique (SSPT), idées suicidaires, anxiété, dépression et toxicomanie).11
  • Impact indirect : Le changement climatique peut avoir un impact indirect sur le bien-être d’une personne par l’exposition à la pollution de l’air et aux maladies, l’affaiblissement des infrastructures et l’insécurité alimentaire, ce qui peut influencer des résultats tels que le stress et l’anxiété.12
  • Les personnes qui sont indirectement témoins de l’impact ou de l’exposition d’autres personnes aux catastrophes naturelles par le biais des médias ressentent également une détresse émotionnelle telle que le stress, l’anxiété et la dépression. 10,13

 

 « Syndromes psychoterratiques » ou « émotions terrestres » 

Les « syndromes psychoterratiques » englobent divers états mentaux qui peuvent être conceptualisés comme des « émotions terrestres ».15 Trois réactions émotionnelles ont été identifiées en relation avec les changements écologiques et environnementaux : 

  • L’éco-anxiété : une inquiétude généralisée face à l’incertitude de l’avenir en ce qui concerne le changement climatique. Il s’agit d’un sentiment d’anxiété causé par le fait d’être constamment entouré de menaces liées à la crise climatique. 
  • L’éco-paralysie : un sentiment de paralysie dû à l’incapacité de prendre des mesures efficaces et significatives pour influencer positivement le changement environnemental. 
  • L’éco-chagrin : un sentiment de chagrin associé à la perte d’écosystèmes et à l’altération des paysages. Il peut également être ressenti comme une perte de connaissances environnementales, ce qui constitue une érosion du sens personnel et communautaire de l’identité culturelle.16

 Il ne s’agit pas de maladies mentales pouvant être diagnostiquées, mais de réactions naturelles à ce qui se passe dans le monde et qui sont couramment ressenties. 

 

Pourquoi est-il important de s’intéresser à l’impact sur la santé mentale des étudiants-es de l’enseignement supérieur ? 

Une enquête nationale a montré que 78 % des jeunes Canadiens-es âgés-es de 16 à 25 ans indiquent que le changement climatique affecte leur santé mentale en général, et 37 % disent que leurs sentiments à l’égard du changement climatique ont un impact négatif sur leur fonctionnement quotidien (manger, se concentrer, travailler, aller à l’école, dormir, passer du temps dans la nature, jouer, s’amuser, avoir des relations).17

Les jeunes ont joué le rôle le moins important dans la crise climatique mondiale, mais ils en subiront le plus grand impact aujourd’hui et à l’avenir. Des recherches ont montré que les jeunes, y compris les étudiants-es de l’enseignement supérieur, sont particulièrement vulnérables aux émotions pénibles provoquées par le changement climatique.17

Il est difficile de concilier les préoccupations liées au changement climatique avec la réussite scolaire et personnelle. L’intersection de la prise de conscience, des valeurs personnelles, de la recherche d’opportunités de travail ayant un impact sur l’environnement et des appréhensions quant à l’avenir peut accroître la vulnérabilité aux problèmes de santé mentale chez les étudiants-es de l’enseignement supérieur, en particulier ceux et celles qui travaillent dans le domaine de l’environnement et de la conservation.18

 

Stratégies d’adaptation pour le corps étudiant 

Il est important de reconnaître que l’adoption des stratégies d’adaptation suivantes nécessite un investissement important en temps, en argent et en ressources. De nombreuses personnes confrontées à l’insécurité financière, à l’insécurité alimentaire et à d’autres formes de difficultés peuvent ne pas avoir le privilège d’accéder à ces activités. 

  • Nourrir la résilience (pour plus d’informations, veuillez vous référer à la fiche d’information du CISMC). 
  • La compassion de soi (c’est-à-dire soutenir la santé mentale en général : bien dormir et faire de l’exercice, passer du temps dans la nature, pratiquer la pleine conscience, exprimer de la compassion et de la gratitude, passer du temps avec des amis-es, demander de l’aide) 
  • La défense des intérêts et l’activisme (c’est-à-dire manifester, s’engager dans les communautés ou sensibiliser) peuvent donner aux étudiants-es les moyens de plaider en faveur du changement et d’influencer leurs communautés, contribuant ainsi à des solutions environnementales à long terme. 
  • Adopter des pratiques durables et modifier son mode de vie (par exemple, réduire les déchets, économiser l’eau, choisir des aliments locaux et de saison, réduire la consommation de viande, minimiser les déchets alimentaires, réduire les plastiques à usage unique ou utiliser des moyens de transport alternatifs). 
  • Entrer en contact avec des pairs partageant les mêmes idées et établir des liens sociaux (par exemple, rejoindre des groupes/organisations qui soutiennent le développement durable ou qui se préoccupent des questions de santé publique). 
  • Se rapprocher de la nature (par exemple, activités de plein air, observation de la faune et de la flore, jardinage ou promenades dans la nature). 

 

-> Que peut faire le personnel enseignant pour soutenir les étudiants-es ? 

Les éducateurs-trices sont encouragés-es à créer un espace sûr pour que les étudiants-es puissent accéder à leurs émotions et les exprimer. Il est important de faire preuve de compassion et de cultiver l’espoir pour soutenir les étudiants-es touchés-es. Le corps enseignant et le personnel peuvent également centrer les conversations sur les pratiques durables (trier les déchets, discuter des moyens de transport, agir par petites étapes), connaître les ressources disponibles sur le campus et inclure diverses voix, en particulier celles des communautés marginalisées qui sont touchées par le changement climatique.19

 

Pour en savoir plus, veuillez consulter le webinaire du CISMC, « Empowering Students to Overcome Climate Anxiety » (Donner aux étudiants-es les moyens de surmonter l’anxiété liée au climat). 

 

Pleins feux sur les campus 

Ateliers et séminaires sur la résilience climatique 

  • Le Waterloo Climate Institute de l’Université de Waterloo organise régulièrement des événements permettant aux étudiants-es de rencontrer des gens et d’en savoir plus sur la recherche en matière de changement climatique. Il a organisé un atelier sur le thème « Comprendre nos sentiments à l’égard du changement climatique : Impacts sur notre santé ». 
  • L’Université Western a présenté une conférence intitulée « How to Cope with Climate Anxiety » (Comment s’adapter à l’anxiété liée au climat) et a examiné comment la crise climatique a conduit les gens à souffrir de stress post-traumatique et d’une perte d’identité, ainsi que les moyens de les combattre. 
  • Le Seneca Polytechnic College coordonne un symposium annuel « Green Citizen », où les participants-es peuvent s’engager et s’informer sur la durabilité, la résilience climatique et le changement climatique. En partenariat avec le symposium, Seneca Polytechnic a également organisé un salon des carrières dans le domaine du développement durable, ouvert à tous les étudiants-es, pour leur permettre de découvrir des carrières dans divers secteurs. 

Espaces verts et initiatives de bien-être 

  • L’Université York a ouvert un  EcoCampus dans le sud du Costa Rica, offrant des cours aux étudiants-es directement dans la forêt tropicale pour comprendre l’histoire naturelle et les défis auxquels la région est confrontée. 
  • L’Université d’Ottawa s’est engagée à rendre le campus plus vert en faisant de la conservation et en améliorant l’environnement naturel à l’intérieur et à l’extérieur. Les espaces verts « offrent des lieux de détente, de rassemblement et d’apprentissage, aident à gérer les eaux pluviales et à atténuer les effets du changement climatique et, d’une manière générale, favorisent un campus sain et des modes de vie sains » pour le corps étudiant. 

 Action climatique et campagnes menées par les étudiants-es 

  • L’initiative d’action climatique du Centennial College encourage l’ensemble de la communauté universitaire, y compris les étudiants-es, à travailler ensemble pour faire face à la crise climatique. Les étudiants-es peuvent agir ensemble, partager des idées novatrices, contribuer à la promotion d’une culture durable, etc. 
  • Les étudiants-es du Humber College peuvent rejoindre la Sustainability Squad, une initiative menée par les étudiants-es, où ils et elles peuvent contribuer aux efforts de conservation de l’environnement. Les initiatives menées par les étudiants-es permettent à ces derniers-ières de se sentir responsabilisés-es, ce qui contribue positivement à leur bien-être et peut leur permettre de se concentrer sur des initiatives de sensibilisation à la santé mentale et à la durabilité. 

 Cours et ressources en ligne 

  • L’Open Learning and Educational Support (OpenEd) de l’Université de Guelph propose un cours sur les principes de l’écopsychologie et de l’éco-art-thérapie, qui permet aux participants-es d’entrer en contact avec la nature à un niveau plus profond et de faire preuve de créativité.  
  • L’Université McMaster a développé une plateforme en ligne appelée CanEMERG, qui offre des ressources et des outils de santé mentale pour aider à gérer le stress et les traumatismes associés aux catastrophes et aux urgences liées au climat. 

 Partenariats avec des organisations environnementales 

  • Le Centennial College a établi un partenariat avec la Fondation David Suzuki, une organisation canadienne à but non lucratif qui travaille sur la durabilité et la conservation de l’environnement naturel. Un événement virtuel a été organisé pour permettre aux étudiants-es de comprendre les solutions qu’ils et elles peuvent mettre en œuvre pour faire face à l’urgence climatique, comme la participation aux élections de la ville de Toronto. 
  • L’Université de Toronto a conclu un partenariat avec le Jane Goodall Institute of Canada, qui est une organisation mondiale de conservation communautaire axée sur la compréhension des chimpanzés et d’autres espèces sauvages. Ce partenariat permet aux étudiants-es de trouver des programmes adaptés à leurs besoins et à leurs intérêts. 
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