3. Cannabis et santé mentale

Comme mentionné à la section précédente, il y a convergence de preuves établissant des liens entre un usage fréquent et précoce de cannabis et des effets néfastes, y compris des problèmes de santé mentale. Bien que l’on n’ait pas actuellement de preuve que le cannabis soit une cause de maladie mentale, la recherche démontre qu’il constitue un facteur de risque de développer une psychose,[1]McInnis, O. et Porath-Waller, A. Dissiper la fumée entourant le cannabis : Consommation chronique, fonctionnement cognitif et santé mentale, Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, 2016. Tiré de : http://www.ccdus.ca/Resource%20Library/CCSA-Chronic-Cannabis-Use-Effects-Report-2016-fr.pdf tout particulièrement s’il existe des antécédents personnels ou familiaux de psychose, ou si le cannabis est consommé fréquemment.[2]Degenhardt, L. et Hall, W. « The relationship between cannabis use and psychosis: epidemiological evidence and biological plausibility », Advances in Schizophrenia and Clinical Psychiatry, no3, 2007, pp. 2–7 Une étude a établi que les adolescents qui consomment du cannabis régulièrement risquent deux fois plus de présenter des symptômes psychotiques ou de recevoir un diagnostic de schizophrénie à l’âge adulte comparé à ceux qui n’en consomment pas.[3]Hall, W. « What has research over the past two decades revealed about the adverse health effects of recreational cannabis use? » Addiction, vol. 110, no 1, 2015, pp. 19–35 Pour les jeunes adultes souffrant de psychose, l’usage continu de cannabis peut à la longue en aggraver les symptômes.[4]Association des psychiatres du Canada. Les répercussions de la légalisation du cannabis sur les jeunes et les jeunes adultes, 2017. Tiré de : https://www.cpa-apc.org/wp-content/uploads/Cannabis-Academy-Position-Statement-FRE-FINAL-no-footers-web.pdf

Une recherche récente a aussi établi que le THC contenu dans les produits du cannabis est associé à un risque plus élevé de développer des symptômes psychotiques.[5]Di Forti, M., Marconi, A., Carra, E., Fraietta, S., Trotta, A., Bonomo, M. et Stilo, S.A. « Proportion of patients in south London with first-episode psychosis attributable to use of high potency cannabis: a case-control study », The Lancet Psychiatry, vol. 2, no 3, 2015, pp. 233–238 Certaines études indiquent que le cannabis peut aussi accroître le risque d’anxiété et de dépression.[6]Lev-Ran, S., Roerecke, M., Le Foll, B., George, T.P., McKenzie, K. et Rehm, J. « The association between cannabis use and depression: a systematic review and meta-analysis of longitudinal studies », Psychological Medicine, vol. 44, no 04, 2014, pp. 797–810

Il est nécessaire de faire plus de recherche pour mieux comprendre la relation entre la maladie mentale et l’usage du cannabis. En attendant, il existe des éléments de stratégie essentiels permettant aux campus de gérer l’usage du cannabis chez les étudiants du postsecondaire. Ces éléments comprennent l’éducation, la promotion de la santé et les stratégies de réduction des méfaits qui encouragent la réduction de l’usage du cannabis et accroissent l’accès aux mesures de soutien communautaire en matière de santé mentale et de dépendance.

Facteurs de risque et de protection

Certains facteurs sont susceptibles d’accroître les risques d’usage problématique de substances, comme une faible estime de soi, les événements stressants de la vie courante et le manque de liens avec la collectivité. Ces facteurs de risque peuvent entraîner des effets néfastes sur la santé, y compris un risque accru de développer des problèmes d’usage de substances.

Les jeunes en transition de l’école secondaire à l’université ou au collège font face à des difficultés particulières pouvant avoir une incidence sur leur santé mentale, comme de déménager loin de leurs structures de soutien social, adopter de nouvelles routines, développer de nouveaux réseaux sociaux et s’adapter à un mode de vie autonome.[7]Centre de toxicomanie et de santé mentale. Sommaire de données probantes sur des interventions menées auprès de jeunes en transition vers l’âge adulte. Actions de promotion de la santé mentale, prévention et intervention précoce menées en milieu universitaire et dans les centres de services intégrés, 2016. Tiré de : http://eenet.ca/sites/default/files/TAYFrench_EENetEvidenceBrief_Final.pdf Par conséquent, ces jeunes en transition, généralement âgés de 16 à 25 ans, ont souvent besoin d’aide pour composer avec les difficultés qu’ils rencontrent durant cette période.

D’autre part, certains facteurs de protection (tels que l’éducation et les relations d’aide) peuvent avoir une incidence bénéfique sur la santé de la personne et réduire les risques de problèmes de santé mentale. Le tableau suivant présente une liste des facteurs de risque et de protection qui, bien qu’incomplète, donne un aperçu des mesures de soutien pouvant mettre en valeur ces facteurs de protection sur les campus.

Figure 3 : Facteurs de risque et facteurs de protection ayant une incidence sur la santé mentale des étudiants

[8]Adapté de : Sécurité publique Canada. La prévention de l’abus de drogues en milieu scolaire : des programmes prometteurs et efficaces, 2018. Tiré de : https://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/sclbsd-drgbs/index-fr.aspx

Facteurs de risqueDomaineFacteurs de protection
  • Faible estime de soi
  • Développement cognitif
  • Santé physique médiocre
  • Faibles capacités langagières
  • Attitude négative envers l’éducation
Étudiant
  • Bonnes compétences sociales et affectives
  • Capacités cognitives
  • Bonne santé mentale et physique
  • Attitude positive envers l’éducation
  • Conflit familial
  • Maltraitance, traumatisme, ou négligence vécus durant l’enfance Mauvaises expériences durant la jeunesse
  • Parent substitut présentant un problème de santé mentale ou un usage de substance problématique
Famille
  • Milieu familial bienveillant et stable
  • Soutien financier de la famille
  • Milieu favorable à l’éducation postsecondaire
  • Harcèlement
  • Problèmes de comportement ou usage de substance précoces
  • Échanges avec les pairs empreints d’attitudes négatives envers l’éducation
Pairs
  • Réseau social accueillant et bienveillant
  • Occasions d’interactions sociales saines
  • Méconnaissance des mesures de soutien du campus et accès difficile à celles-ci Isolement par rapport à la communauté du campus
Environnement sur le campus
  • Présence sur le campus de méthodes et de stratégies visant à réduire l’usage de substance
  • Accès aux mesures de soutien du campus
  • Bonnes relations avec les éducateurs et le personnel
  • Milieu collégial ou universitaire sain Possibilités de participer aux activités du campus
  • Antécédents de traumatisme (p. ex., maltraitance, décès d’un être cher)
  • Transition scolaire difficile
  • Difficultés socioéconomiques
Événements de la vie
  • Relations stables et bienveillantes
  • Capacités d’adaptation développées
  • Soutien offert pour affronter les événements déterminants de la vie
  • Discrimination
  • Manque d’accès aux déterminants sociaux de la santé
  • Manque d’accès aux services de soutien
Sociétal
  • Inclusion et communauté
  • Accès aux services de soutien
  • Sécurité économique

References

References
1McInnis, O. et Porath-Waller, A. Dissiper la fumée entourant le cannabis : Consommation chronique, fonctionnement cognitif et santé mentale, Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, 2016. Tiré de : http://www.ccdus.ca/Resource%20Library/CCSA-Chronic-Cannabis-Use-Effects-Report-2016-fr.pdf
2Degenhardt, L. et Hall, W. « The relationship between cannabis use and psychosis: epidemiological evidence and biological plausibility », Advances in Schizophrenia and Clinical Psychiatry, no3, 2007, pp. 2–7
3Hall, W. « What has research over the past two decades revealed about the adverse health effects of recreational cannabis use? » Addiction, vol. 110, no 1, 2015, pp. 19–35
4Association des psychiatres du Canada. Les répercussions de la légalisation du cannabis sur les jeunes et les jeunes adultes, 2017. Tiré de : https://www.cpa-apc.org/wp-content/uploads/Cannabis-Academy-Position-Statement-FRE-FINAL-no-footers-web.pdf
5Di Forti, M., Marconi, A., Carra, E., Fraietta, S., Trotta, A., Bonomo, M. et Stilo, S.A. « Proportion of patients in south London with first-episode psychosis attributable to use of high potency cannabis: a case-control study », The Lancet Psychiatry, vol. 2, no 3, 2015, pp. 233–238
6Lev-Ran, S., Roerecke, M., Le Foll, B., George, T.P., McKenzie, K. et Rehm, J. « The association between cannabis use and depression: a systematic review and meta-analysis of longitudinal studies », Psychological Medicine, vol. 44, no 04, 2014, pp. 797–810
7Centre de toxicomanie et de santé mentale. Sommaire de données probantes sur des interventions menées auprès de jeunes en transition vers l’âge adulte. Actions de promotion de la santé mentale, prévention et intervention précoce menées en milieu universitaire et dans les centres de services intégrés, 2016. Tiré de : http://eenet.ca/sites/default/files/TAYFrench_EENetEvidenceBrief_Final.pdf
8Adapté de : Sécurité publique Canada. La prévention de l’abus de drogues en milieu scolaire : des programmes prometteurs et efficaces, 2018. Tiré de : https://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/sclbsd-drgbs/index-fr.aspx
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