5. Éducation, réduction des méfaits et aptitudes à entrer en contact avec les étudiants

Bien que la consommation de cannabis puisse être dommageable, beaucoup de gens disent en tirer des bienfaits, que ce soit dans un usage médical ou récréatif. Il est important de favoriser un milieu où les étudiants puissent parler tant des risques que des bienfaits de l’usage du cannabis. Notre but est d’aider les étudiants à prendre des décisions éclairées, de faciliter leur accès au dépistage et aux évaluations de problèmes potentiels d’usage de substance et de les aiguiller s’ils ont besoin de traitement.

On devrait envisager le traitement des problèmes liés à l’usage du cannabis sur le campus dans le cadre de services de santé publique favorisant les compétences en matière de cannabis. Il faut savoir que l’application d’une approche d’éducation axée sur « l’abstinence seule » s’est révélée inefficace à réduire l’usage de cannabis.[1]Étudiant(e)s canadien(ne)s pour des politiques éclairées sur les substances psychoactives (ECPESP). Sensible Cannabis Education: A Toolkit for Educating Youth, 2018. Tiré de : https://cssdp.org/youthtoolkit/ De plus, les politiques sévères ou punitives concernant l’usage de substances se sont aussi révélées inefficaces.[2]Simons-Morton B, et coll. (2010). « Cross-national comparison of adolescent drinking and cannabis use in the United States, Canada, and the Netherlands », International Journal of Drug Policy, vol. 21, no 1, 2010, pp. 64-9

La réduction des méfaits constitue une approche pragmatique, fondée sur des données probantes pouvant fournir aux étudiants l’information et les compétences nécessaires pour réduire les risques au minimum et faire des choix éclairés concernant la consommation de cannabis.[3]Étudiant(e)s canadien(ne)s pour des politiques éclairées sur les substances psychoactives (ECPESP). Sensible Cannabis Education: A Toolkit for Educating Youth, 2018. Tiré de : https://cssdp.org/youthtoolkit/

La réduction des méfaits se révèle efficace pour un grand nombre de populations, y compris celle des étudiants. Par exemple, une étude démontre que les interventions de réduction des méfaits peuvent réduire la fréquence des comportements risqués chez les étudiants de 18 à 28 ans qui se considèrent comme de gros consommateurs de cannabis.[4]Fischer, B., Jones, W., Shuper, P., Rehm, J. « 12-month follow-up of an exploratory ‘brief intervention’ for high frequency cannabis users among Canadian university students », Substance Abuse Treatment Prevention Policy, vol. 7, no 1, 2012 D’autres interventions efficaces visant l’usage de substances combinent le soutien, les ressources et les occasions d’éducation.[5]Centre canadien de lutte contre les toxicomanies. La prévention de la consommation et la promotion de la santé, 2014. Tiré de : http://www.ccsa.ca/Resource%20Library/CCSA-Substance-Use-Prevention-Health-Promotion-Toolkit-2014-fr.pdf

Pour les étudiants qui choisissent de consommer du cannabis, il existe des outils se basant sur des données probantes qui peuvent les aider à prendre des décisions éclairées en vue de réduire les méfaits potentiels. Par exemples, les lignes directrices visant à réduire les risques liés à la consommation de cannabis développées par Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances offrent dix recommandations. [1] Voici la version de ces recommandations en langage simple à l’intention des jeunes, qui a été préparée par le CAMH :

Abstinence

Recommandation 1 : L’usage de cannabis comporte des risques pour ta santé que tu peux éviter en t’abstenant de prendre du cannabis

Âge lors du premier usage

Recommandation 2 : Attends d’être plus âgé/âgée avant de commencer à prendre du cannabis

Choix des produits de cannabis

Recommandation 3 : Trouve des produits de cannabis à faible risque

Recommandation 4 : Évite les cannabinoïdes synthétiques

Méthodes et pratiques d’usage du cannabis

Recommandation 5 : Évite de fumer du cannabis brûlé – choisis des modes d’usage sécuritaires

Recommandation 6 : Si tu fumes du cannabis, évite les pratiques d’inhalation nocives

Fréquence et intensité d’usage

Recommandation 7 : Réduis ta fréquence d’usage de cannabis

Usage du cannabis et conduite d’un véhicule

Recommandation 8 : Ne prends pas de cannabis avant de conduire un véhicule motorisé ou d’utiliser une autre machine

Populations ciblées à risque

Recommandation 9 : Évite complètement le cannabis si tu es vulnérable aux problèmes de santé mentale ou si tu es enceinte

Combinaison des risques ou comportements à risque

Recommandation 10 :  Évite de combiner les risques décrits plus haut

Autres stratégies de réduction des méfaits

On peut résumer les autres stratégies de réduction des méfaits comme ceci « pas trop, pas trop souvent, seulement en contexte sécuritaire ».[2] Ces stratégies sont les suivantes :

Pas trop

  • Consommer le cannabis lentement, puisqu’il est difficile de connaître la teneur en THC des produits de cannabis.
  • Connaître son produit et son fournisseur. Autant que possible, acheter dans les établissements autorisés par le gouvernement.

Pas trop souvent

  • Consommer le cannabis occasionnellement plutôt que régulièrement. Éviter notamment la consommation quotidienne.

Seulement en contexte sécuritaire

  • Éviter de consommer du cannabis avec des produits du tabac.
  • Éviter les mélanges de cannabis avec d’autres substances (alcool ou autres drogues).
  • Connaître les lois sur le cannabis avant d’en posséder ou d’en consommer.

Lorsqu’on engage une conversation ouverte avec un étudiant sur le cannabis, ne pas oublier ce qui suit :

  • Garder l’esprit ouvert, objectif et éviter de porter des jugements lorsqu’un étudiant parle de l’usage de substance.
  • Écouter attentivement et sérieusement lorsqu’un étudiant parle d’usage médical ou non médical de cannabis afin de mieux supporter des symptômes ou des états particuliers.
  • Rester calme, détendu et bienveillant. Éviter d’avoir recours à la honte, la peur ou la culpabilité. Démontrer plutôt de l’intérêt, du respect et de la compréhension.
  • Transmettre de l’information exacte et éviter les sermons. Faire preuve de compassion et se montrer curieux de connaître la perception et l’expérience de l’étudiant concernant l’usage du cannabis.
  • Se renseigner et s’appuyer sur des faits autant que possible.
  • Adopter le langage de l’étudiant. Par exemple, s’il utilise le mot « herbe », faire de même.
  • Ne pas présumer connaître les expériences, les sentiments ou l’intérêt de l’étudiant concernant le cannabis.

[1] Benedikt Fischer et al.(2017). Lower-Risk Cannabis Use Guidelines: A Comprehensive Update of Evidence and Recommendations. American Journal of Public Health 107(8),1-12.

[2] Adapté de Healthy Minds, Healthy Campuses. Clearing the Air: Lower-Risk Cannabis Use on Campus, 2015. Tiré de : https://healthycampuses.ca/resource/clearing-the-air-lower-risk-cannabis-use-on-campus/

References

References
1, 3Étudiant(e)s canadien(ne)s pour des politiques éclairées sur les substances psychoactives (ECPESP). Sensible Cannabis Education: A Toolkit for Educating Youth, 2018. Tiré de : https://cssdp.org/youthtoolkit/
2Simons-Morton B, et coll. (2010). « Cross-national comparison of adolescent drinking and cannabis use in the United States, Canada, and the Netherlands », International Journal of Drug Policy, vol. 21, no 1, 2010, pp. 64-9
4Fischer, B., Jones, W., Shuper, P., Rehm, J. « 12-month follow-up of an exploratory ‘brief intervention’ for high frequency cannabis users among Canadian university students », Substance Abuse Treatment Prevention Policy, vol. 7, no 1, 2012
5Centre canadien de lutte contre les toxicomanies. La prévention de la consommation et la promotion de la santé, 2014. Tiré de : http://www.ccsa.ca/Resource%20Library/CCSA-Substance-Use-Prevention-Health-Promotion-Toolkit-2014-fr.pdf
Guide: Version PDF