Introduction


Alors que de plus en plus de personnes aux parcours variés choisissent d’entreprendre des études postsecondaires, le nombre d’entre elles qui déclarent se sentir anxieuses, en détresse ou dépassées est en augmentation. Le nombre de demandes reçues par les services en santé mentale des établissements d’enseignement postsecondaire a également subi une croissance importante au fil des années (Baik, 2019) et les taux de dépression et d’idéation suicidaire sont à la hausse (NCHA, 2016).

Par ailleurs, on observe une augmentation du niveau de stress lié aux études rapporté par les étudiants et les étudiantes. Une enquête portant sur un échantillon de personnes inscrites à des programmes d’études postsecondaires dans différents établissements ontariens a révélé qu’au cours d’une période de douze mois, 59,3 % d’entre elles avaient estimé que leur expérience scolaire était difficile à vivre ou traumatique (NCHA, 2016). Un tel niveau de stress peut mener à des problématiques de santé mentale et avoir un effet défavorable sur la capacité d’apprentissage (Baik et al., 2019).

La salle de classe est l’un des premiers endroits où se manifestent les problématiques de santé mentale (Plieto-De Rango, 2017). Le contexte d’apprentissage est au cœur de l’expérience des études postsecondaires; les cours, qu’ils soient en ligne ou en présentiel, servent de point de contact pour tous et toutes. L’expérience qu’en ont les étudiants et les étudiantes a un impact sur leur capacité d’apprentissage et sur leur bien-être mental (Stanton et al., 2016).

Une étude sur la santé au travail dans le milieu universitaire révèle que 85% des membres du corps professoral vivent du stress lié à leur charge de travail et 76%, du stress lié à des conflits dans leur vie professionnelle (Catano et al., 2010)

Les étudiants et les étudiantes de niveau postsecondaire sont pour plusieurs à un âge auquel ils courent un risque accru de vivre des problématiques de santé mentale. Par ailleurs, parmi cette population, certains groupes sous-représentés (telles que les femmes et les personnes qui s’identifient comme faisant partie de la communauté 2SLGBTQ+) sont encore davantage à risque (Baik et al., 2019). Parallèlement, le personnel enseignant voit s’accroître sa charge de travail et rapporte lui aussi une augmentation de son niveau de stress. Malgré eux, les professeurs et les professeures risquent de communiquer ce stress à leurs groupes, créant ainsi une ambiance tendue.

Plusieurs ressources en santé mentale sont offertes, tant par les établissements d’enseignement que hors campus, mais des obstacles empêchent souvent les personnes de les utiliser. Moins de la moitié des étudiants et des étudiantes qui ont besoin d’aide en reçoivent effectivement, et ils préfèrent faire appel à des ressources non professionnelles comme leurs pairs, leurs professeurs ou leurs professeures (Plieto-De Rango, 2017). Différentes raisons expliquent que les personnes choisissent de ne pas utiliser les services offerts : notamment, elles ne les connaissent pas bien, ont de la difficulté à reconnaître leur besoin d’aide et craignent qu’une telle démarche ait des conséquences administratives défavorables (MacKean, 2011). Pour éviter la stigmatisation, les personnes qui avaient déjà des problématiques de santé mentale avant d’entreprendre des études postsecondaires préfèrent souvent ne pas en parler (Wada et al., 2019; MacKean, 2011).

Les étudiants et les étudiantes ont déterminé que les problématiques de santé mentale influaient sur leur capacité d’apprentissage et leur performance scolaire. La santé mentale représente une fondation sur laquelle les personnes peuvent se construire, développer leur potentiel et optimiser leur capacité d’apprendre (MacKean, 2011).

De plus, les personnes qui apprennent à préserver leur santé mentale tout en réussissant des études postsecondaires ont plus de chances de devenir des membres de la société en bonne santé mentale (MacKean, 2011).

On a ainsi de plus en plus de preuves que la santé mentale et le bien-être sont des facteurs centraux de la capacité d’apprentissage et de la réussite scolaire (Fernandez et al., 2016). C’est pourquoi il est essentiel de s’assurer que la salle de classe (tant virtuelle qu’en présentiel) ainsi que tous les autres lieux des établissements d’enseignement soient conçus pour favoriser le bien-être. Autrefois une préoccupation secondaire, la santé mentale des étudiants et des étudiantes est devenue une composante centrale de la réussite scolaire. Conséquemment, c’est un enjeu qui exige la participation du corps professoral et de tout le personnel des établissements d’enseignement postsecondaire (MacKean, 2011). Étant donné les liens étroits entre la santé mentale et leur mandat d’enseignement, ceux-ci gagnent à s’occuper du bien-être des personnes qui y évoluent, étudiants, étudiantes et personnel y compris (Baik, 2019). De plus en plus de collèges et d’universités adoptent ainsi une approche globale ou systématique visant à favoriser le bien-être mental à chaque niveau (des étudiants au corps professoral en passant par le personnel administratif) et à inclure cette préoccupation au cœur même des politiques qui orientent les pratiques et les procédures (Okanagan Charter, 2015; Plieto- De Rango, 2017; MacKean, 2011). Chaque personne qui travaille dans un établissement d’enseignement a son rôle à jouer dans cette démarche.

Si vous êtes membre du corps professoral ou du personnel enseignant, vous vous sentez peut-être dépassé à l’idée de devoir incorporer à votre travail des pratiques favorables à la santé mentale des étudiants et des étudiantes. Les recommandations offertes dans ce guide visent à vous aider à participer à cet effort collectif en adoptant au quotidien des mesures adaptées. Nous souhaitons qu’il vous soit utile!

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