Exclusion

Les politiques actuelles et passées liées à l’enseignement postsecondaire ont notamment eu pour effet d’exclure les étudiants-es des groupes méritant l’équité et de leur donner l’impression qu’ils et elles ne sont pas les bienvenus-es. Ces actes d’exclusion peuvent nuire à la santé mentale des étudiants-es car ils renforcent l’idée qu’ils et elles ne sont pas les bienvenus-es sur le campus et qu’ils et elles n’y ont pas leur place. Lorsque nous excluons des étudiants-es, intentionnellement ou non, nous négligeons également leurs besoins en matière de santé mentale et nous ne sommes pas en mesure de leur proposer des programmes et des services adaptés à leur situation. Voici quelques exemples d’exclusion dont sont victimes divers groupes méritant l’équité sur les campus postsecondaires (remarque : les sections ci-dessous ne sont pas exhaustives de tous les groupes exclus).

Exclusion des Autochtones

À l’origine, les étudiants-es autochtones ont été exclus-es des collèges et des universités lorsqu’ils ont commencé à être créés au Canada. Les collèges et universités religieux constituaient l’une des rares exceptions. Ces établissements espéraient recruter un petit nombre d’étudiants-es autochtones pour leur enseigner les principes du christianisme afin qu’ils et elles puissent retourner dans leurs communautés d’origine pour faire du prosélytisme et convertir d’autres Autochtones au christianisme (Wilder, 2013). En 1982, le droit des peuples autochtones à suivre un enseignement postsecondaire a été inscrit comme un droit constitutionnel dans la Loi constitutionnelle canadienne (Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, 2021). Le financement de l’éducation autochtone est désormais assuré par le Programme d’aide aux étudiants de niveau postsecondaire (PAENP) et le Programme de préparation à l’entrée au collège et à l’université (PPECU) (Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, 2021). Cependant, ces programmes ne sont pas parfaits. Ils sont sous-financés, difficiles d’accès et les Métis n’y ont pas accès. Bien que des progrès aient été réalisés, ils ne suffisent pas à combler les lacunes existantes. Aujourd’hui encore, de nombreux-ses étudiants-es autochtones doivent s’éloigner de leur réserve ou de leur communauté d’origine pour suivre un enseignement postsecondaire, faute d’établissements plus proches de chez eux. Ils et elles sont ainsi contraints-es de laisser derrière eux un système de soutien qui affirme leur identité culturelle, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur santé mentale. Les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (voir la section « Que pouvons-nous faire maintenant ? » pour plus d’informations) constituent un point de départ sur lequel les établissements d’enseignement postsecondaire peuvent s’appuyer pour garantir l’inclusion équitable des étudiants-es autochtones.

Exclusion des personnes noires

Depuis l’époque de l’esclavage et ce jusqu’au début du XXe siècle, les personnes noires ont été exclues de l’enseignement post-secondaire sous une forme ou une autre. À l’époque de l’esclavage, elles n’étaient présentes sur les campus postsecondaires qu’en tant qu’esclaves, fournissant des services manuels et domestiques au personnel et aux étudiants-es (Wilder, 2013). Dans les années 1900, de nombreux établissements postsecondaires canadiens, dont McGill, Dalhousie, Queens et l’Université de Toronto, ont exclu les étudiants-es noirs-es de leurs écoles de médecine et de soins infirmiers (Henry, 2021). Les étudiants-es noirs-es étaient également exclus-es des écoles de droit (Smith, 2004). Aujourd’hui, les actes de racisme tels que les messages racistes dans les groupes de discussion étudiants et l’utilisation d’un langage blessant en classe continuent d’exclure les étudiants-es noirs-es d’une expérience sur le campus qui a des répercussions positives sur leur santé mentale (Burke et al., 2021 ; CBC News, 2021 ; Rodriguez, 2019).

Exclusion des personnes 2SLGBTQ+

Les étudiants-es et le personnel 2SLGBTQ+ ont également connu une histoire mouvementée avec les collèges et les universités. Dans les années 1960, aux États-Unis, les étudiants-es soupçonnés-es d’avoir des relations homosexuelles étaient interrogés-es et expulsés-es de l’université (CITE (Gerard, 2021). Ceux et celles qui avaient la chance de rester sur le campus étaient contraints-es de suivre un traitement psychologique (Gerard, 2021). En 1991, Delwin Vriend, professeur de laboratoire à l’université King’s College d’Edmonton, a été licencié à cause de son homosexualité (CBC News, 2012). Son cas a fini par être porté devant la Cour suprême, où il a été jugé que l’exclusion de son emploi violait la Charte des droits et libertés (CITE (Simons, 2018)). Pour plus d’informations sur la santé mentale des étudiants-es queer sur les campus, veuillez consulter la trousse d’outils Intersectionnalité invisible du CISMC.

Exclusion des personnes en situation de handicap

Aux XVIIIe et XIXe siècles, les personnes en situation de handicap étaient principalement exclues de l’éducation et placées dans des institutions (BC Disability, n.d.). Ce n’est qu’à la fin des années 1900 que nous avons commencé à réfléchir aux besoins particuliers des étudiants-es en situation de handicap et ce n’est qu’en 2010 que le Canada a ratifié l’article 24 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, qui stipule clairement que les personnes handicapées ont droit à l’éducation (BC Disability, n.d. ; Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, n.d.). Malgré cet article, il existe toujours des lacunes qui créent des obstacles à la pleine participation des étudiants-es en situation de handicap à l’enseignement postsecondaire. Des problèmes tels que le manque de services et de financement, ainsi que les obstacles au soutien et aux mesures d’adaptation, signifient que les étudiants-es en situation de handicap n’ont toujours pas un accès équitable à l’enseignement postsecondaire (Commission canadienne des droits de la personne, 2017).

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