Que pouvons-nous faire maintenant ?

Au niveau institutionnel

Répondre aux appels à l’action spécifiques à l’enseignement postsecondaire du rapport de la Commission de vérité et réconciliation

L’une des mesures que les établissements d’enseignement postsecondaire peuvent prendre pour démanteler les structures coloniales sur les campus est de répondre aux appels à l’action spécifiques à l’enseignement supérieur du rapport de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation. Les collèges et les universités peuvent répondre à deux appels à l’action spécifiques :

  • Numéro 11 — Nous demandons au gouvernement fédéral de fournir un financement adéquat pour remédier à l’insuffisance des places disponibles pour les élèves des Premières Nations qui souhaitent poursuivre des études postsecondaires.
  • Number 16 — Nous demandons aux établissements d’enseignement postsecondaire de créer des programmes et des diplômes collégiaux et universitaires en langues autochtones.

La mise en œuvre de la recommandation Numéro 16 contribuerait grandement à réparer l’erreur historique qui a consisté à exclure les langues autochtones de l’enseignement supérieur afin de « civiliser » les peuples autochtones (Wilder, 2013).

L’inclusion complète de ces langues démontrerait aux étudiants-es inuits, métis et des Premières nations que leurs langues sont les bienvenues dans les établissements d’enseignement, ce qui, espérons-le, les aiderait à se sentir plus inclus sur le campus. Cette augmentation potentielle du sentiment d’inclusion contribuerait également à l’amélioration de la santé mentale des étudiants-es autochtones, qui seraient en mesure de voir des parties de leur propre histoire représentées dans les universités.

Utiliser le Cadre d’analyse des politiques axé sur l’intersectionnalité (IBPA) pour analyser les politiques actuelles et nouvelles du campus

L’IBPA est un cadre d’analyse des politiques qui permet d’identifier les forces et les structures de pouvoir liées à une politique susceptible d’avoir un impact sur la santé et le bien-être de certaines populations en raison de leur situation sociale (Hankivsky et al., 2014). Il peut être appliqué à toute politique ou programme lié à la santé. L’utilisation d’un cadre analytique comme l’IBPA peut aider les collèges et les universités à voir comment les politiques du campus ont un impact spécifique et unique sur la santé mentale de certains groupes d’étudiants (par exemple, les étudiants-es noirs-es, queer, autochtones, ou en situation de handicap). Le cadre peut également aider à identifier les lacunes dans les politiques afin que des corrections puissent être apportées aux politiques actuelles, ou que de nouvelles politiques puissent être mises en œuvre, pour améliorer la santé mentale et le bien-être des étudiants-es sur le campus.

Évaluer et créer des politiques de campus en utilisant l’approche « What’s the Problem Represented to be ? » (WPR)

De la même manière qu’il est important de réfléchir de manière critique aux pratiques que nous utilisons dans notre travail individuel, il est important de réfléchir aux processus que nous utilisons pour créer des politiques de campus. L’approche WPR a été créée par Carol Bacchi, professeure émérite à l’université d’Adélaïde, et vise à faciliter l’examen des politiques (Bacchi, 2012). Son objectif est d’aider à identifier le problème fondamental ou la question que l’on tente de résoudre avec une politique. Utilisée le plus souvent dans les domaines de la politique publique et de la recherche, le questionnement critique qu’elle suscite peut être transposé dans le contexte de l’enseignement postsecondaire. La méthode consiste à appliquer les six questions suivantes à une politique que l’on évalue ou que l’on crée :

  1. Quel est le « problème » (par exemple, les « joueurs à problèmes », la « consommation/abus de drogues », « l’inégalité entre les sexes », la « violence domestique », le « réchauffement climatique », le « harcèlement sexuel », etc.) tel qu’il est représenté́ dans une politique ou une proposition de politique donnée ?
  2. Quels présupposés ou hypothèses sous-tendent cette représentation du « problème » ?
  3. Comment cette représentation du « problème » est-elle apparue ?
  4. Qu’est-ce qui ne fait pas débat dans cette représentation du « problème » ? Où sont les silences ? Le « problème » peut-il être conceptualisé différemment ?
  5. Quels sont les conséquences de cette représentation du « problème »?
  6. Comment et où̀ cette représentation du « problème » a-t-elle été produite, diffusée et revendiquée ? Comment cela s’est-il passé et/ou comment peut-elle être renversée et remplacé ?

(Source: Bacchi, 2012)

Les questions ci-dessus peuvent aider à clarifier le-s problème-s en question, à identifier les lacunes et les limites dans la manière dont le problème est représenté, et à mettre en évidence les politiques et les pratiques qui ont permis de comprendre le problème en question (Bacchi, 2012).

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