Pratiques prometteuses

Les pratiques prometteuses suivantes ont été déterminées lors d’entrevues avec les bureaux de lutte contre la violence sexuelle dans les universités et les collèges de l’Ontario. Elles représentent des programmes, des partenariats et des pratiques novateurs et prometteurs pour le soutien des survivants-es sur le campus, même si elles n’ont pas été formellement évaluées.

Fanshawe College
Salle d’entrevue douce

Il y a sept ans, au Fanshawe College, les étudiants-es devaient se rendre dans une salle d’entrevue située dans le bureau de la sécurité du campus s’ils ou si elles voulaient déposer un rapport officiel de violence sexuelle. Cette salle d’entrevue était généralement réservée aux auteurs-es de crimes sur le campus, et l’atmosphère de la salle reflétait ce fait. Ce problème a incité le ou la conseiller-ère en prévention de la violence sexuelle à s’associer à la sécurité du campus pour créer une salle d’entrevue douce au sein du bureau des services de counseling et d’accessibilité, où les étudiants-es ayant subi une forme quelconque de violence sexuelle pourraient se sentir plus à l’aise et avoir plus de contrôle sur le dépôt de leur rapport officiel. L’atmosphère de la pièce est apaisante et tous les éléments inclus ont été choisis dans cet esprit. Cette pièce est équipée de chaises confortables, de jeux pour aider les survivants à se réguler et de livres. La salle est située à côté du bureau du ou de la conseiller-ère en prévention de la violence sexuelle, de sorte que le ou la survivant-e n’a pas besoin de quitter le service pour faire un rapport officiel. La salle dispose également d’un équipement d’enregistrement vidéo et audio, ainsi que d’un bureau pour un ordinateur portable, afin de répondre aux besoins de la sécurité du campus ou de la police lors du signalement. Dans le but de rendre ses services aussi adaptés aux traumatismes que possible, le service de counseling permet aux étudiants-es qui font un signalement d’être accompagnés-es d’une personne de soutien pendant l’entrevue. Il peut également offrir son propre accompagnement afin de défendre les intérêts de l’étudiant-e, par exemple en demandant que l’entrevue soit interrompue si l’étudiant-e a besoin de prendre une pause. En développant cet espace, l’objectif était de donner le plus d’autonomie possible aux survivants-es. À l’avenir, le département de counseling a également l’intention de mettre à disposition un animal de soutien émotionnel pour ces entrevues.

Pour en savoir plus :
Leah Marshall
lkmarshall@fanshawec.ca

Université de Windsor
Zine de la survivance

En 2016, Shelby Lacey, étudiante en stage de soins infirmiers à l’Université de Windsor, a organisé un événement communautaire sur le thème de #MeToo au café local, qui comprenait un open mic, du personnel de soutien pour s’occuper de toute personne se sentant émotionnellement accablée, et des stations d’art avec des fournitures d’artisanat installées pour que les survivants-es puissent s’exprimer. L’objectif des stations d’art était d’encourager les étudiants-es à créer des œuvres d’art, une forme de thérapie, et de les rassembler dans un zine qui serait ensuite publié par l’université. Un zine est une courte œuvre auto-publiée composée de textes et d’images, généralement photocopiée pour être diffusée. Lors de cet événement initial, les survivants-es ont reçu des questions incitatives sur des bouts de papier, telles que « que signifie pour vous le fait d’avoir survécu », et ont eu la liberté de répondre à ces questions en utilisant la forme d’art qui leur convenait le mieux. En plus de fournir un exutoire thérapeutique, le zine final a également contribué à créer un sentiment communautaire pour les survivants-es et à leur faire savoir qu’ils ou elles ne sont pas seuls-es.

Depuis, le bureau de la prévention de la violence sexuelle, de la résistance et du soutien de l’Université de Windsor a organisé trois événements similaires de création de zine, ouverts aux survivants-es et à ceux et celles qui les soutiennent, dans le but de publier de nouvelles éditions du Zine de la survivance. Plus récemment, le bureau a demandé des soumissions virtuelles d’art et d’écriture, ce qui lui a permis de recevoir une plus grande variété de soumissions pour le zine. Lors de ces événements, les participants-es ont également reçu des instructions sur la façon de créer leurs propres zines pour auto-publication, leur permettant d’utiliser ce média pour eux-mêmes ou elles-mêmes. Les organisateurs-trices recommandent aux bureaux qui souhaitent organiser leurs propres événements de création de zines d’étudier l’histoire des zines afin de bien comprendre le contexte de ce média et la façon dont il a été utilisé par le passé.

Pour en savoir plus :
Bureau de la prévention de la violence sexuelle, de la résistance et du soutien, Université de Windsor
svsupport@uwindsor.ca

Université Brock
Red Umbrella Campaign (la campagne du parapluie rouge)

La campagne du parapluie rouge de l’Université Brock a commencé après qu’un-e étudiant se soit présenté-e un jour aux services de santé et ait révélé son engagement en tant que travailleur-se du sexe. Le ou la directeur-trice des services de bien-être des étudiants-es s’est alors demandé-e si l’université était prête à répondre aux besoins des étudiants-es travailleurs-ses du sexe et à les soutenir. L’université a alors contacté la YWCA de Niagara, qui est un chef de file dans les conversations autour du trafic sexuel et du travail du sexe. L’objectif du partenariat avec la YWCA était de s’assurer que la conversation sur le travail du sexe à l’université était conforme aux pratiques de pointe. Le partenariat a été soutenu par le projet de partenariat campus-communauté du CISMC. Le CISMC a ensuite travaillé avec des partenaires internes et avec la YWCA pour embaucher un-e étudiant-e assistant-e de recherche, également engagé-e dans le travail du sexe, afin d’aider à développer une évaluation des besoins des travailleurs-ses du sexe sur le campus.

L’évaluation des besoins a permis de déterminer que les étudiants-es travailleurs-ses du sexe souhaitaient une invitation active et discrète à se connecter aux services de bien-être, afin de se sentir bienvenus-es sur le campus. C’est alors que l’université a lancé une campagne sur les médias sociaux basée sur le symbole du parapluie rouge, qui est reconnu comme indiquant un espace sûr pour les travailleurs-ses du sexe et où leurs divers besoins seront reconnus. Le lancement de cette campagne s’est accompagné de la mise en place d’un service de première ligne pour les travailleurs-ses du sexe, accessible en cliquant sur le symbole du parapluie rouge sur la page web des services de counseling. Ce service met immédiatement en relation les étudiants-ses travailleurs-ses du sexe avec un-e conseiller-ère de proximité spécialisé-e dans les approches de counseling tenant compte des traumatismes. Ce conseiller-ère rencontre l’étudiant-e pour comprendre quels sont les services et le soutien qu’il ou elle recherche et peut ensuite le ou la diriger vers des services de counseling ou infirmiers, en fonction de ses besoins. Bien que le service du bien-être des étudiants-es ait mis en place tous les services qui ressortent de l’évaluation des besoins et qui sont à sa portée, les prochaines étapes consistent à s’attaquer à la culture générale du campus et à changer les perceptions générales des étudiants-es sur le travail du sexe.

Pour en savoir plus :
Sarah Pennisi
spennisi@brocku.ca

Université de Waterloo
Partenariat avec CJI

Lors de sa dernière ronde de révision des politiques en 2019, le bureau d’intervention et de prévention en matière de violence sexuelle de l’Université de Waterloo a inclus une section sur la justice réparatrice dans son protocole et ses procédures d’intervention en matière de violence sexuelle, parmi d’autres exemples d’approches alternatives de résolution des conflits. Le ou la directeur-trice du bureau d’intervention et de prévention en matière de violence sexuelle a ensuite contacté une organisation communautaire locale, Community Justice Initiatives (CJI), qui travaille depuis longtemps dans le domaine de la justice réparatrice, et lui a demandé à quoi pouvait ressembler la justice réparatrice dans le contexte d’un campus. Cette conversation a débouché sur l’idée de socialiser l’idée de la justice réparatrice au sein de la communauté du campus, afin de susciter l’adhésion des étudiants-es, du personnel et du corps enseignant à l’utilisation de la justice réparatrice, en particulier dans le contexte de l’intervention en matière de violence sexuelle.

En 2020, le bureau a commencé à coorganiser des séances d’écoute et d’apprentissage virtuelles avec le CJI. L’objectif de ces séances était d’inviter divers membres de la communauté du campus à venir apprendre ce que signifie la justice réparatrice, ainsi qu’à poser des questions particulières sur le thème de la justice réparatrice dans un format de cercle. Le bureau a organisé trois séances au total, deux spécifiquement pour les employés-es de l’université, et une autre spécifiquement pour les étudiants-es. Ces séances ont permis à CJI de développer une opportunité d’apprentissage échafaudée sur la base de ce qu’ils ont appris de la communauté du campus, qui doit encore être mise en œuvre. Parallèlement, CJI a également adapté l’un de ses ateliers de groupe pour en faire un cours individuel en 7 modules, afin d’aider les personnes qui ont été reconnues coupables d’avoir causé un préjudice par le biais d’une politique à prendre conscience de l’impact de leurs actions et à assumer la responsabilité du préjudice qu’elles ont causé, grâce à des rencontres individuelles avec un membre de l’équipe de CJI. Ce cours est proposé aux décideurs-ses du campus en cas de violation de la politique, mais aucun étudiant-e n’y a encore eu accès. Le bureau est toujours en train de socialiser l’idée de justice réparatrice sur le campus et il espère pouvoir offrir un apprentissage continu aux dirigeants-es, ainsi qu’aux personnes qui occupent des postes auprès des étudiants-es, pour qui il pourrait être utile de mettre en œuvre des pratiques de justice réparatrice.

Pour en savoir plus :
Amanda Cook
amanda.cook@uwaterloo.ca

Université métropolitaine de Toronto
Ligne de soutien par les pairs

Bien que l’Université métropolitaine de Toronto offre un soutien professionnel aux survivants-es par l’intermédiaire de son équipe de soutien et d’éducation en matière de violence sexuelle, l’université offre également un soutien supplémentaire par les pairs aux survivants-es par l’intermédiaire du Centre for Safer Sex and Sexual Violence Support (Centre de soutien pour une sexualité plus sûre et contre la violence sexuelle), une branche du syndicat étudiant de l’Université métropolitaine de Toronto. Le principal service offert par le centre est la Sexual Assault Survivor Support Line (ligne de soutien aux survivants-es d’agressions sexuelle), également connue sous le nom de SASSL, qui comprend une ligne de messagerie texte ouverte de 10 heures à minuit, ainsi qu’une ligne téléphonique disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ces lignes sont hébergées en ligne par un programme similaire à Zoom qui ne suit pas les adresses IP, afin de garantir qu’il n’y a pas d’enregistrement de l’appel pour la sécurité du ou de la survivant-e. Le centre a aussi récemment mis à disposition un numéro WhatsApp pour les messages texte, spécifiquement pour que les étudiants-es internationaux-ales survivants-es puissent accéder à la ligne sans avoir à payer de frais supplémentaires.

Le centre est géré par un-e seul employé-e, qui recrute et forme des étudiants-e universitaires et des membres de la communauté au soutien par les pairs afin de pouvoir assurer les permanences téléphoniques. La formation, qui dure 10 heures sur trois jours, comprend des séances sur la façon d’utiliser correctement le programme en ligne, la compréhension de l’intersectionnalité de la violence sexuelle, la façon de soutenir une personne en crise, l’importance de la croyance et de la validation dans un contexte de soutien par les pairs, et les autosoins. Au cours de la formation, tous les bénévoles ont également l’occasion de participer à un appel d’entraînement, afin de se préparer à la réalité du service. Les bénévoles assurent la permanence téléphonique par équipes de deux afin de se soutenir mutuellement en cas d’appels particulièrement difficiles. Les bénévoles ont également accès à un certain nombre de ressources pour les aider à gérer les traumatismes vicariants qu’ils ou elles peuvent subir, notamment un formulaire Google qu’ils ou elles peuvent remplir après un appel difficile et qui leur permet de demander une rencontre s’ils ou si elles le souhaitent. Le centre a également entamé une collaboration avec le Toronto Rape Crisis Centre (Centre d’aide aux survivants-es de viol de Toronto), de sorte que tout-e étudiant-e de l’université peut accéder à leur soutien, et les travailleurs-ses de soutien par les pairs sont également invités-es à les contacter s’ils ou si elles souhaitent obtenir un soutien en dehors du centre.

Pour en savoir plus :
Sam DeFranco
csssvs@rsuonline.ca

Université de Toronto
Groupe de soutien aux survivants-es

En 2021, le Centre de prévention et de soutien en matière de violence sexuelle de l’Université de Toronto a mis en place un groupe de soutien virtuel intitulé Healing Hearts, destiné à tous les survivants-es. Ce groupe n’était pas destiné à être un groupe de thérapie, mais il a été conçu pour offrir un espace sûr aux survivants-es afin qu’ils ou elles puissent ressentir un sentiment d’appartenance à la communauté sur le campus, apprendre des sujets liés à l’éducation et à la prévention de la violence sexuelle, et participer à des activités de bien-être et d’autosoin. Chaque séance, qui avait lieu tous les mois, comprenait un volet éducatif, par exemple une discussion sur le consentement et le plaisir, ainsi qu’un volet bien-être, par exemple une activité d’origami en forme de cœur. Le Centre a envoyé des trousses de bien-être aux participants-es qui acceptaient de donner leur adresse, comprenant des objets tels que de la peinture, des crayons, des feuilles d’origami, du papier cartonné vierge, des masques faciaux, des bonbons, du chocolat et du thé. Certaines des séances ont également fait appel à des conférenciers-ières invités-es, notamment un-e invité-e qui a parlé de l’intimité après un traumatisme, et un-e autre invité-e qui a parlé de la responsabilité et de la justice transformatrice. Les organisateurs-trices ont aligné les sujets de chaque séance pour qu’ils s’inscrivent dans le cadre du semestre, en se concentrant par exemple sur l’autocompassion et l’autosoin pendant la saison des examens.

Le Centre a créé ce groupe en gardant à l’esprit les principes tenant compte des traumatismes et a animé les séances dans cette optique, en offrant aux participants-es des choix tout au long du processus, comme celui de partager ou non leur vrai nom ou d’utiliser leur caméra. Les 15 premières minutes de chaque séance ont été consacrées aux présentations, à la discussion des directives du groupe et des limites de la confidentialité, et à l’établissement de ce que les participants-es pouvaient attendre de la séance du jour. À l’avenir, les organisateurs-trices espèrent que cette initiative ne se limitera pas aux étudiants-es, mais s’étendra également au personnel et au corps enseignant. Ils et elles ont également l’intention de créer des groupes similaires pour les étudiants-es queer et les étudiants-es racisés-es. En outre, le Centre espère proposer un modèle hybride de ce groupe, dans lequel les survivants-es auraient la possibilité de se joindre en personne ou en ligne.

Pour en savoir plus :
Centre de prévention et de soutien en matière de violence sexuelle, Université de Toronto
svpscentre@utoronto.ca

Centre d’aide aux survivants-es de viol de Durham
Partenariat avec l’Université Trent et le Durham College

Le Centre d’aide aux survivants-es de viol de Durham (Durham Rape Crisis Centre, DRCC) est une organisation féministe qui joue un rôle actif dans sa communauté pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les femmes et les enfants. Depuis 2020, le DRCC travaille en partenariat avec l’Université Trent-Durham et le Durham College pour soutenir les étudiants-es qui ont vécu des violences sexuelles. Ce partenariat a été soutenu par le projet de partenariat campus-communauté du CISMC.  Les services fournis par le DRCC comprennent un soutien direct aux survivants-es de violence sexuelle, des programmes d’éducation sur le consentement, une formation sur l’intervention d’un témoin, ainsi qu’une formation sur le soutien aux survivants-es de violence sexuelle, offerte pendant l’orientation des nouveaux-elles étudiants-es et tout au long de l’année aux étudiants-es, aux leaders étudiants, au personnel et au corps enseignant. L’un des principaux avantages de ce partenariat est qu’il permet aux étudiants-es des deux institutions d’éviter la longue liste d’attente du DRCC et de recevoir immédiatement le soutien dont ils ou elles ont besoin.

En plus de sa programmation régulière avec l’Université Trent et le Durham College, le DRCC a récemment acheté les droits pour être en mesure de faciliter le programme Man|Made, un groupe psychoéducatif de cinq semaines pour les hommes dans les établissements postsecondaires, qui se concentre sur la modélisation par les pairs de la masculinité et de la sexualité saines. Ce programme s’adresse aux hommes qui ont commis des violences sexuelles, mais le DRCC l’a ouvert à tous les hommes des communautés du Durham College et de l’Ontario Tech University qui souhaiteraient y participer pour apprendre à devenir de meilleurs alliés. En outre, le DRCC est en train d’élaborer avec le Durham College un programme de premiers secours en cas de violence sexuelle, dont le format est similaire à celui de la formation aux premiers secours en matière de santé mentale dispensée par la Commission de la santé mentale du Canada. Le programme est actuellement dans sa phase initiale et est piloté par le Durham College sous la forme d’un module en ligne, dans l’espoir de l’ouvrir éventuellement à l’ensemble de la communauté. Jusqu’à présent, plus de 300 étudiants-es ont répondu au quiz final et plus de 150 ont répondu à l’enquête de rétroaction finale.

Pour en savoir plus :
Isabella Giuga
isabella@drcc.ca

 

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