Le cas de l’Université de Toronto
Le contexte
Avant l’automne 2015, le Service de santé et de bien-être comptait deux cliniques distinctes, une pour les soins de santé et une autre pour le counseling et l’aide psychologique. En septembre 2015, les deux cliniques ont été fusionnées pour créer le Centre de santé et de bien-être (Health & Wellness Centre, HWC), qui fonctionne selon une approche interdisciplinaire. C’est dans ce contexte qu’un modèle de soins par paliers a été adopté pour l’intervention en santé mentale. Ces changements venaient en réponse au plan-cadre en santé mentale de l’Université de Toronto, à la rétroaction des étudiants et des étudiantes, et aux meilleures pratiques visant à s’assurer que la population étudiante ait un accès plus rapide et plus direct aux services en santé mentale.
Le processus
- Accueil centralisé : Les étudiants et les étudiantes peuvent maintenant trouver tous les services à un même point d’accès : médecin de famille, infirmière, psychologue, spécialistes en travail social, psychiatrie et diététique, notamment. Après un processus d’évaluation unique, des soins interdisciplinaires sont offerts en fonction des besoins.
- Triage : À partir des résultats de l’évaluation de sa santé mentale, on propose à l’étudiant ou à l’étudiante la démarche la plus accessible et la moins intensive possible, en favorisant son autonomie au mieux de ses capacités. L’éventail des possibilités peut aller de l’atelier d’éducation psychologique à la gestion de cas, l’intervention d’urgence ou les soins psychiatriques, en passant par le counseling de courte durée ou la psychothérapie brève en groupe ou individuelle.
- Ateliers d’éducation psychologique : Le centre offre un atelier de quatre modules basé sur la thérapie cognitive comportementale, qui s’ajoute aux ateliers sur le bien-être portant sur les stratégies pour se détendre et bien dormir. Pour certaines personnes, ces activités seront recommandées comme cheminement principal dès le triage; pour d’autres, il s’agira d’une solution temporaire en attendant de recevoir des services plus intensifs.
- Counseling sur place : Le counseling offert sur place a été étendu à plus de 20 facultés, collèges et département.
- Thérapie de groupe : On a mis sur pied plusieurs programmes de groupe s’appuyant sur des données probantes, y compris un programme cognitif comportemental transdiagnostic pour des personnes souffrant de dépression et d’anxiété, deux programmes comportementaux dialectiques (l’un autour de la dysrégulation émotionnelle et la faible tolérance à la détresse en situation de dépression et d’anxiété, et l’autre pour des personnes ayant des problématiques de personnalité à plus haut degré de complexité, notamment tendances suicidaires et automutilation) et un groupe de réduction du stress basé sur la pratique de la pleine conscience.
- Soins partagés : Les psychiatres sont intégrés à l’équipe médicale et peuvent offrir des consultations et des soins ponctuels, le suivi étant effectué par le médecin de famille traitant.
- Dossier médical électronique (DME) partagé : Tous les intervenants utilisent le même DME, chaque étudiant ou étudiante possédant un seul dossier clinique.
- Formation : Tout le personnel, tant clinique qu’administratif, a reçu une formation sur le nouveau modèle de soins. Les médecins et les infirmières ont observé les psychologues à l’oeuvre lors de l’accueil des étudiants qui viennent chercher de l’aide et ont pu les consulter sur les lignes directrices permettant de mieux évaluer les cas et déterminer l’urgence d’une situation.
- Soins offerts en collaboration : Chaque année scolaire, des équipes interdisciplinaires sont formées et se réunissent mensuellement pour discuter des cas.
- Certaines équipes interdisciplinaires se penchent sur des soins spécialisés (p. ex. : soins de santé pour les personnes trans)
- Une équipe s’occupe d’évaluer les plans de traitement pour les étudiants dont les besoins sont complexes; elle se réunit une ou deux fois par semaine, et les conseillers et conseillères peuvent participer à la réunion pour parler des cas rencontrés.
- Chaque après-midi, un ou une psychiatre est disponible pour les autres intervenants qui veulent une consultation au sujet des personnes qu’ils traitent ensemble, par exemple concernant la médication ou les diagnostics.
Les résultats
- Point d’accès unique : cette approche oriente les personnes vers un cheminement plus clair et plus propice au monitorage.
- La centralisation réduit la fragmentation des soins et la duplication des services, permettant un système de monitorage en continu plutôt que des soins compartimentés.
- Le modèle de soins par paliers oriente les personnes vers des services correspondant à la gravité de leur problématique de santé mentale.
- Met de l’avant la prestation de soins en santé mentale ponctuels, dont le suivi est assuré par les fournisseurs de soins primaires, joints à la possibilité de consulter de nouveau si besoin est.
- Met de l’avant des équipes de soins interdisciplinaires axées sur des problématiques particulières (p. ex. : la santé des personnes trans, les troubles alimentaires, les traumatismes) et améliore l’expérience de soins des étudiants et étudiantes ainsi que la collaboration entre les fournisseurs de services.
- Donne à la psychiatrie un rôle davantage consultatif.
- Confère au personnel infirmier un rôle de « pivot » assurant le lien entre les deux cliniques en orientant les personnes vers les services adéquats, en faisant de l’éducation psychologique individuelle et des soins temporaires entre les paliers, ce qui permet le monitorage des cas.
- La collaboration des professionnels et des professionnelles de différentes spécialités contribue en soi à leur perfectionnement (p. ex., une amélioration de la compétence des médecins de famille en ce qui a trait à la médication et une meilleure connaissance de la santé mentale chez le personnel infirmier).
- Cette combinaison de changements a entraîné une réduction de 80 % du nombre d’étudiants et d’étudiantes en attente de services en santé mentale après en avoir fait la demande.