Vulnérabilité financière

Les statistiques officielles indiquent que pour l’année académique 2023-2024, les étudiants-es internationaux-ales de premier cycle ont payé 538 % de plus que les étudiants-es canadiens-nes de premier cycle, tandis que les étudiants-es internationaux-ales de deuxième cycle ont payé 291 % de plus en frais de scolarité que leurs homologues canadiens (Statistique Canada, 2023a). Cet écart important dans les frais de scolarité exacerbe la crise du coût de la vie que de nombreux Canadiens-nes, y compris les étudiants-es internationaux-ales, connaissent dans l’économie actuelle. Statistique Canada estime que le coût de la vie a augmenté de 3,9 % en 2023, après une hausse de 6,8 % en 2022, la plus importante depuis 40 ans (Le Quotidien, 2024). Des études ont également montré que les étudiants-es internationaux-ales ont souvent un niveau d’endettement élevé, mais qu’ils et elles doivent également répondre aux attentes de leur famille et de leur communauté d’origine. Depuis le 1er janvier 2024, les exigences financières pour les demandeurs de permis d’études au Canada ont été ajustées. Afin de s’assurer que les nouveaux-elles étudiants-es internationaux-ales disposent de fonds suffisants pour vivre dans le pays, ils devront désormais démontrer des ressources financières totalisant 20 635 $, en plus de leurs frais de scolarité de première année et de leurs frais de voyage (IRCC, 2023b). Cette augmentation reflète la hausse du coût de la vie au Canada, qui a considérablement augmenté depuis l’exigence initiale de 10 000 $ fixée au début des années 2000. Par conséquent, les autorités fédérales et les établissements d’enseignement postsecondaire reconnaissent que le montant précédent ne suffit plus à répondre aux besoins financiers de nombreux-ses étudiants-es.

La disponibilité limitée des services financés par le gouvernement, tels que l’Assurance-santé de l’Ontario, accessible exclusivement aux citoyens-nes canadiens-nes, aux résidents-es permanents-es ou aux personnes protégées (réfugiés) (Ontario Council of Agencies Serving Immigrants [OCASI], 2022), entraîne des contraintes financières supplémentaires pour les étudiants-es internationaux-ales. Le stress financier a été associé à des effets négatifs importants sur la santé mentale. Les étudiants-es disposant de moins de ressources financières sont susceptibles de voir leurs résultats scolaires diminuer, leur santé physique se dégrader et leurs niveaux d’anxiété et de dépression augmenter. Ils et elles peuvent être contraints-es d’abandonner leurs études en raison de ces problèmes financiers et sont également susceptibles d’avoir du mal à développer des mécanismes d’adaptation sains, ce qui peut affecter leur qualité de vie en général.

En octobre 2022, un changement de politique fédérale a permis aux étudiants-es internationaux-ales de travailler plus de 20 heures en dehors du campus, et a été prolongé jusqu’au 30 avril 2024. Cette prolongation est maintenant terminée. À partir de septembre 2024, le gouvernement du Canada a l’intention d’augmenter la limite de travail à 24 heures par semaine hors campus (IRCC, 2024b). La politique temporaire permettant aux étudiants-es de travailler un nombre illimité d’heures visait à atténuer les pénuries de main-d’œuvre causées par la pandémie de COVID-19 tout en aidant les étudiants-es admissibles à faire face à l’augmentation du coût de la vie. L’introduction de nouvelles règles concernant les heures de travail hors campus pour les étudiants-es internationaux-ales constitue une nouvelle politique dont l’impact reste à voir dans la manière dont elle abordera les questions structurelles qui placent les étudiants-es dans une position de vulnérabilité et de pression financières accrues. Cet ajustement répond à la crise nationale de l’accessibilité financière et représente une opportunité pour les étudiants-es internationaux-ales, leur permettant de gérer des frais de scolarité élevés, d’accumuler des économies et de soutenir leur famille restée au pays. Toutefois, la nouvelle politique risque d’accroître le niveau de stress des étudiants-es qui doivent concilier leurs engagements universitaires et leurs engagements professionnels. En outre, les employeurs préfèrent souvent embaucher des travailleurs-ses canadiens-nes en raison des complexités perçues, des barrières linguistiques, des différences culturelles, de la discrimination potentielle et du fardeau administratif lié aux exigences du permis de travail, ce qui rend plus difficile pour les
étudiants-es internationaux-ales de trouver et de conserver un emploi (Choi et al., 2021b).

La recherche qualitative a démontré que les étudiants-es internationaux-ales manquent souvent d’une compréhension approfondie des finances personnelles et du système financier canadien. Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces étudiants-es entreprennent des études coûteuses et peuvent avoir contracté des prêts importants qui auront des répercussions à long terme sur leur situation financière et leur bien-être général. Les recherches montrent régulièrement que les étudiants-es internationaux-ales sont très mal informés-es sur le système bancaire canadien et qu’ils et elles ont souvent du mal à prendre des décisions financières judicieuses pour financer leurs études. Les données montrent que les familles sous-estiment souvent le coût total de l’enseignement postsecondaire canadien pour leurs étudiants-es. Les établissements d’enseignement postsecondaire disposent souvent d’un personnel spécialisé pour aider les étudiants-es internationaux-ales dans leur transition, mais ce personnel n’est souvent pas équipé pour fournir une éducation en matière de finances personnelles aux étudiants-es, qui naviguent souvent seuls-es sur ces questions pour la première fois de leur vie. Bien que de nombreux établissements aient mis à la disposition des étudiants-es des informations sur les prêts d’urgence ou les bourses, les étudiants-es internationaux-ales ont souvent besoin d’un soutien plus important, étant donné que leurs coûts sont nettement plus élevés.

Les normes financières diffèrent également d’un pays à l’autre et les étudiants-es internationaux-ales peuvent ne pas connaître les normes canadiennes courantes. Par exemple, il est courant d’utiliser des cartes de crédit pour les achats quotidiens au Canada, y compris pour les transactions en ligne, alors que de nombreuses autres pays utilisent de l’argent liquide. De nombreux étudiants-es ont également dû faire face à l’affaiblissement de leur monnaie nationale, ce qui a augmenté leur risque de connaître des difficultés financières. Ces facteurs uniques signifient que les étudiants-es internationaux-ales ont souvent besoin d’un soutien accru par rapport à leurs homologues nationaux. Ces aides sont non seulement essentielles pour la réussite à long terme des étudiants-es, mais aussi pour s’assurer qu’ils et elles ont suffisamment de connaissances financières pour ne pas être la proie d’escroqueries. La recherche montre que les étudiants-es gagneraient à ce que des conversations financières soient intégrées à leur expérience d’orientation. En outre, il est essentiel d’avoir des occasions continues d’éduquer les étudiants-es sur les bases des services bancaires canadiens et de s’assurer qu’ils et elles ont un accès rapide à des ressources importantes, telles que les bourses d’urgence et des professionnels-les de la finance.

PLEINS FEUX SUR
  • La ressource en ligne développée par l’University of Waterloo fournit également des informations financières générales aux étudiants-es avant leur arrivée. Cette ressource présente des informations simples mais essentielles, telles que la somme d’argent dont l’étudiant-e international-e moyen aura besoin au cours de ses premiers mois au Canada, la manière d’ouvrir un compte bancaire canadien et la façon de payer les frais de scolarité pour éviter les retards et les pénalités de retard. En fournissant ces informations aux étudiants-es pour qu’ils et elles acquièrent quelques notions bancaires et financières de base, l’université contribue à réduire l’anxiété financière, tout en s’assurant que les étudiants-es comprennent les normes bancaires canadiennes courantes.
  • York University a mis au point une série de webinaires avant l’arrivée des étudiants-es afin de leur fournir les informations dont ils et elles ont besoin pour prendre des décisions éclairées lorsqu’ils et elles planifient leurs finances. Il s’agit notamment du coût général de la vie au Canada, des sources d’aide disponibles et des ressources pour l’établissement d’un budget et la planification financière.
  • L’Université McMaster organise une série de webinaires préalables à l’arrivée des étudiants-es internationaux-ales de premier cycle et de troisième cycle, centrés sur les processus d’ouverture d’un compte bancaire, l’obtention d’une carte de crédit et l’acquisition d’une connaissance de la gestion efficace de l’argent au Canada.
  • RBC propose également des ressources éducatives qui donnent un aperçu des principes de base des services bancaires canadiens. Ces ressources donnent également un aperçu de certains problèmes courants auxquels sont confrontés-es les étudiants-es internationaux-ales, notamment la recherche d’un emploi à temps partiel, la gestion de l’argent et la constitution d’un réseau professionnel. Grace à ces ressources, les étudiants-es internationaux-ales peuvent apprendre des stratégies à long terme sur la façon de gérer et de construire des ressources financières dans le contexte canadien.

Recommendations

  1. Améliorer les programmes de littératie financière et le soutien – Développer des programmes complets de littératie financière spécifiquement adaptés aux étudiants-es internationaux-ales.
    • Exemples : les programmes peuvent porter sur des sujets tels que les finances personnelles, l’établissement d’un budget, les systèmes bancaires et la navigation dans le paysage financier canadien. Offrir un soutien et des ressources en continu, y compris l’accès à des professionnels-les de la finance et des bourses d’urgence, afin de s’assurer que les étudiant-es disposent des outils nécessaires pour prendre des décisions financières éclairées et gérer efficacement leur bien-être financier. Assurer des possibilités permanentes d’éducation et de soutien financiers tout au long du parcours universitaire des étudiants-es.
  2. Intégrer des conversations financières dans l’orientation et un soutien continu – Intégrer l’éducation et les conversations financières dans le processus d’orientation des étudiants-es internationaux-ales.
    • Exemples : des ressources et des ateliers pendant l’orientation pour éduquer les étudiants-es sur le système bancaire canadien, les cartes de crédit et les normes financières. Des estimations réalistes du coût de la vie en Ontario. Des estimations réalistes du temps nécessaire pour trouver un emploi en Ontario.
Guide: Version PDF