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Collecte de données en matière de violence sexuelle

Signalement

Comme nous l’avons mentionné précédemment dans cette trousse d’outils, la collecte de données sur la prévalence de la violence sexuelle sur les campus est compliquée à cause des nombreux facteurs qui représentent des obstacles au signalement d’un cas de violence sexuelle à la police ou à un-e responsable de l’université ou du collège. De nombreuses études ont permis d’identifier plusieurs obstacles émotionnels et pratiques qui pourraient empêcher les étudiants-es de se manifester et de révéler leurs expériences, créant ainsi un problème de sous-déclaration massive.

Pour les survivants-es, les obstacles émotionnels au signalement sont les sentiments qu’ils ou elles peuvent avoir et qui les empêcheraient de dévoiler leur expérience. Par exemple, certains-es étudiants-es peuvent ne pas vouloir se manifester parce qu’ils ou elles veulent garder leur victimisation secrète, ne voulant pas modifier la perception interne qu’ils ou elles ont d’eux-mêmes ou d’elles-mêmes, ainsi que la perception que les autres ont d’eux ou d’elles. Les étudiants-es peuvent également craindre de mettre en danger leurs relations interpersonnelles lorsqu’ils ou elles dévoilent une agression sexuelle, ce qui peut inclure aussi bien leurs amitiés externes que leur relation avec la personne qui les a agressés. D’autre part, certains-es étudiants-es peuvent ne pas dévoiler l’agression par crainte de représailles de la part de la personne qui les a agressés. Les étudiants-es peuvent craindre de ne pas être crus-es par leurs pairs ou par des professionnels-les tels que la sécurité du campus. Les étudiants-es peuvent également avoir des inquiétudes quant à la confidentialité du signalement d’une agression sexuelle, craignant que leurs expériences ne soient dévoilées à d’autres personnes sans leur consentement. Enfin, les étudiants-es peuvent ressentir de la gêne, de la honte ou de la culpabilité à propos de leurs expériences de violence sexuelle, ce qui les conduit à garder leur expérience pour eux ou elles.

Les perceptions de la police représentent un autre obstacle au signalement. Une étude réalisée aux États-Unis a révélé que les étudiants-es qui sont plus satisfaits-es du travail de la police sont plus susceptibles de signaler les agressions sexuelles. Une autre étude américaine a également montré que la confiance dans la police et les responsables universitaires était l’un des facteurs qui influençait le plus la probabilité que les étudiants-es signalent un cas de violence sexuelle. La même étude a révélé de manière intéressante que les étudiants-es sont nettement plus susceptibles de signaler leurs expériences de violence sexuelle à la police qu’aux responsables universitaires. Pour plus d’informations sur les répercussions de la police sur certaines populations étudiantes, voir la trousse d’outils du CISMC sur l’intervention de crise en santé mentale sur les campus.

Un autre obstacle au signalement réside dans la lisibilité des politiques et protocoles relatifs à la violence sexuelle. Dans une étude menée aux États-Unis, les chercheurs-ses ont constaté que les instructions moyennes pour le signalement des agressions sexuelles sont rédigées à un niveau scolaire de 15,4, ce qui représente la troisième année de collège ou d’université. En outre, 81 % des établissements étudiés fournissaient des instructions de signalement des agressions sexuelles rédigées à un niveau de lecture égal ou supérieur à celui de la première année de collège. Ces résultats suggèrent que les étudiants-es des collèges et universités ayant un niveau moyen de compréhension de l’écrit peuvent ne pas être en mesure de comprendre les instructions pour signaler une agression sexuelle sur leur campus.

Enfin, une autre étude portant sur les obstacles au signalement des violences sexuelles a révélé que la confusion sur ce qui constitue une agression sexuelle est un facteur contribuant à la sous-déclaration. Les résultats de l’enquête menée auprès du corps étudiant aux États-Unis ont mis en évidence un manque de compréhension de ce qui constitue une agression sexuelle, qui pourrait être attribué à la normalisation des fausses idées sur le viol. En particulier, l’étude a révélé que les étudiants-es ne savaient pas si une agression sexuelle liée à l’alcool était en fait une agression sexuelle, ce qui suggère la nécessité de sensibiliser les étudiants-es de l’enseignement supérieur aux agressions liées à l’alcool.

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