Données manquantes dans les enquêtes
Bien que les enquêtes sur les campus spécifiques à la violence sexuelle soient préférables aux enquêtes générales sur le climat des campus, ces enquêtes spécifiques ont leurs propres défauts. Plus précisément, les données manquantes sont un problème très répandu dans les enquêtes sur les violences sexuelles sur les campus. Une étude portant sur ce problème de données manquantes dans 40 enquêtes différentes entre 2010 et 2016 a révélé qu’un peu moins de 25 % de la population étudiante féminine totale et 17 % de la population étudiante masculine avaient répondu aux enquêtes.
L’un des problèmes liés aux données manquantes dans ces enquêtes est que ces données sont susceptibles d’être manquantes en raison de l’expérience d’une personne en matière de violence sexuelle. Les étudiants-es peuvent ne pas être motivés-es pour répondre à l’enquête parce qu’ils ou elles veulent éviter de revivre une expérience traumatisante, ou peut-être parce qu’ils ou elles n’ont pas d’intérêt émotionnel pour le sujet. Les auteurs-trices de l’étude précédente suggèrent que l’expérience de la violence sexuelle est probablement différente entre les répondants-es et les non-répondants-es à l’enquête et que les estimations de la prévalence de la violence sexuelle sont particulièrement sensibles à ces différences, même lorsque celles-ci sont relativement faibles.
Les enquêtes générales sur le climat des campus et les enquêtes spécifiques à la violence sexuelle procèdent souvent à des analyses du biais de non-réponse, qui peuvent être effectuées en comparant les réponses clés entre ceux et celles qui reçoivent différentes incitations à participer à l’enquête, ou alternativement en comparant les réponses entre les répondants-es précoces et tardifs-ives. Le problème de ces analyses est qu’il leur est impossible de déterminer quelles seraient les réponses des véritables non-répondants-es à l’enquête sans données de suivi.
Une autre étude qui s’est penchée sur le problème des données manquantes a révélé que non seulement la non-réponse était un problème, mais aussi le fait de ne pas remplir les enquêtes sur la violence sexuelle ; en fait, il y avait une différence significative entre ceux et celles qui avaient rempli une plus grande partie de l’enquête et ceux qui en avaient moins rempli. L’étude a également révélé que les étudiants-es qui ont répondu à l’enquête n’étaient pas démographiquement représentatifs-ives de la population étudiante de l’université cible, en termes d’âge, de sexe, de statut de minorité, de statut d’étudiant-e international-e et d’année d’études. Ces résultats suggèrent que les données obtenues à partir des enquêtes sur la violence sexuelle ne fournissent peut-être pas des informations précises sur les véritables taux de prévalence de la violence sexuelle sur les campus.