Capacitisme et stigmatisation

Le capacitisme est un ensemble d’attitudes, de croyances et d’actions négatives qui considèrent le handicap comme « anormal », mais aussi comme ayant moins de valeur dans la société. Le capacitisme a pour effet d’exclure les personnes en situation de handicap. Nous ne pouvons donc pas atteindre nos objectifs institutionnels et collectifs d’équité et d’inclusion sans éliminer le capacitisme. Cela signifie qu’il faut modifier nos croyances conscientes et inconscientes, et passer d’une vision négative et anormale du handicap à une vision universelle et naturelle de la diversité humaine.

Le capacitisme systémique se manifeste dans la manière dont la société est structurée pour accorder des privilèges non mérités aux personnes perçues comme non en situation de handicap et des désavantages non mérités aux personnes perçues comme en situation de handicap ; il est ancré dans les valeurs, les politiques officielles et les pratiques quotidiennes des établissements. Les établissements d’enseignement postsecondaire de l’Ontario peuvent jouer un rôle dans le démantèlement du capacitisme systémique en supprimant les obstacles à la pleine participation des personnes en situation de handicap.

Il existe un certain nombre d’exemples de la façon dont le capacitisme est ancrée dans nos institutions, en particulier les obstacles et les attitudes que les personnes en situation de handicap rencontrent quotidiennement, qui sont épuisantes et peuvent expliquer pourquoi certains étudiants-es n’ont parfois pas la capacité de s’auto-défendre ou pourquoi ils peuvent considérer le capacitisme qu’ils rencontrent dans l’enseignement post-secondaire comme étant normal. Parmi les exemples courants de capacitisme, citons le fait d’ignorer les besoins des personnes en situation de handicap, par exemple en ne leur fournissant pas de mesures d’adaptation ou en supposant qu’elles ne sont pas capables de participer à des activités. De même, poser des questions indiscrètes sur le handicap d’une personne, comme « qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? », est une forme courante de violence capacitiste, tout comme parler aux personnes en situation de handicap de manière condescendante, par exemple en utilisant une voix aiguë ou en parlant lentement.

Une autre forme de capacitisme est la croyance que les mesures d’adaptation pour les étudiants-es en situation de handicap sont des avantages injustes. Par exemple, les étudiants-es qui ne sont pas en situation de handicap peuvent se plaindre que les étudiants-es en situation de handicap « ont plus de temps », alors qu’en fait, passer plus de temps pour passer un examen peut être un fardeau pour l’étudiant-e, qui a alors moins de temps à consacrer à d’autres choses, comme étudier pour d’autres examens. Pour créer des établissements postsecondaires plus inclusifs pour les étudiants-es en situation de handicap, il est important que les personnes qui ne sont pas en situation de handicap soient informées des besoins des étudiants-es en situation de handicap et qu’elles évitent ces obstacles attitudinaux et ces comportements.

Le capacitisme intériorisé est l’intériorisation d’attitudes et de croyances négatives sur le handicap par les personnes en situation de handicap elles-mêmes. Il peut conduire au doute, à l’isolement et à l’absence de défense de ses propres intérêts. Le capacitisme intériorisé peut se manifester de différentes manières, notamment :

  • le déni du handicap : Le fait d’avoir honte ou d’être gêné par son handicap l’amène à le nier ou à le minimiser. Cela peut conduire à une réticence à rechercher des mesures d’adaptation ou un soutien.
  • les stéréotypes intériorisés : Intériorisation de stéréotypes négatifs sur le handicap, ce qui les amène à se considérer comme moins capables ou moins dignes de respect et d’égalité.
  • la surcompensation : Sentir le besoin de surcompenser son handicap, ce qui l’amène à dépasser ses limites ou à essayer de masquer son handicap (souvent observé chez les étudiants-es avec un trouble du spectre de l’autisme, les étudiants-es rencontrant des difficultés d’apprentissage et d’autres handicaps non évidents).
  • l’incompréhension de son handicap : Se sentir différent de ses pairs, ou stupide, parce que personne ne lui a jamais expliqué ce qu’est son handicap ; plus fréquent chez les étudiants-es ayant des troubles de l’apprentissage.

Le personnel de l’enseignement postsecondaire doit être conscient de la stigmatisation associée aux handicaps mentaux, physiques, d’apprentissage et sensoriels et doit réfléchir aux façons dont le capacitisme peut se manifester dans ses interactions avec les étudiants-es et les collègues en situation de handicap. Tout comme le racisme et le sexisme, le capacitisme est une forme de préjugé dans laquelle nous sommes plongés en tant que société et qui peut donc se manifester dans nos actions et nos comportements si nous ne cherchons pas à l’éviter de manière réfléchie et délibérée. Pour plus d’informations à ce sujet, voir les parties 1 et 2 de la trousse d’outils du CISMC sur la pratique anti-oppressive.

Pour en savoir plus sur le capacitisme :

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